Zakât al maal: histoire et calcul

Farah Mejai
Apr 2024

Introduction

Dans cet article, nous parlerons de “zakât al maal”, un des pilier de l'islam.
Nous commencerons par retracer l'histoire de zakât al maal, son origine, son importance dans la pratique religieuse musulmane et son rôle dans la société. Ensuite, nous définirons ce qu'est exactement la zakât. Nous examinerons également qui est tenu de la donner, ainsi que le seuil qui déterminent son obligation. Enfin, nous aborderons la question cruciale : Comment calculer la zakât ?

L’histoire de Zakât al maal

L'histoire de zakât al maal remonte aux débuts de l'islam, à l'époque du prophète Muhammad (SWS). La zakât est mentionnée dans le Coran, le livre saint de l'islam, ainsi que dans les hadiths, les paroles et les actes du prophète Muhammad (SWS).

« Accomplissez la prière et acquittez la zakât et inclinez-vous avec ceux qui s'inclinent.» Coran 2:43

« Et accomplissez la Salat et acquittez la zakât. Et tout ce que vous avancez de bien pour vous-mêmes, vous le retrouverez auprès d'Allah, car Allah voit parfaitement ce que vous faites. » Coran 2:110

Le prophète Mohamed (paix et bénédiction d’Allah soient sur lui) a dit :

« L’islam est bâti sur cinq : l’attestation qu’il n’y a de divinité digne d’être adorée qu’Allah et que Mohamed est le Messager d’Allah, l’accomplissement de la prière, l’acquittement le la zakât, le pèlerinage à la Maison sacrée et le jeûne du mois de Ramadan. » Rapporté par Bukhari et Muslim

D’après Bahz Ibn Hakim (qu’Allah l’agrée), le Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) a dit:

« Celui qui donne la zakât en recherchant par cela la récompense aura sa récompense. » Rapporté par Abu Daoud

La zakât n'est pas seulement un devoir religieux, mais aussi une manifestation de la générosité, de la bienveillance et de la solidarité envers les autres membres de la communauté. Elle vise à assurer un équilibre social en garantissant que les richesses sont distribuées de manière équitable et en soutenant ceux qui sont dans le besoin.

En effet, au lieu de garder l'argent inactif ou de le concentrer entre les mains d'une minorité, la zakât le met en circulation, ce qui favorise la croissance économique et réduit les inégalités sociales. Cela crée un effet multiplicateur en fournissant des ressources financières à ceux qui en ont besoin pour investir dans des entreprises, éduquer leurs enfants, accéder aux soins de santé et améliorer leur qualité de vie, contribuant ainsi à renforcer l'économie dans son ensemble. En ce sens, la zakât est non seulement un acte de piété religieuse, mais aussi un instrument de développement économique et social.

Qu'est-ce que zakât al maal?

La zakât (aumône obligatoire), est l'un des principes les plus significatifs démontrant l'étendue et la place centrale de la morale et de l'éthique dans l'économie et la Finance Islamique. Le terme arabe "zakât" signifie "augmentation", "amélioration" et "purification", et est également connu sous le nom de "as-Sadaga", signifiant "aumône", dérivant de la racine "as-Sidg" qui signifie "sincérité".

Cet impôt a été ainsi nommé pour plusieurs raisons : premièrement, il purifie spirituellement le donneur de la cupidité et de l'avarice; deuxièmement, il témoigne de sa sincérité; troisièmement, il augmente ses biens de façon qualitative; quatrièmement, il améliore la condition du bénéficiaire et augmente ses biens.

zakât al maal est le troisième piliers de l'islam, impliquant le don d'une partie fixe de la richesse d'un individu chaque année pour aider les moins fortunés et purifier ses biens. Elle est obligatoire pour les musulmans ayant atteint un certain seuil de richesse appelé : nissâb, et correspond à un pourcentage appliqué sur les richesses d'une personne pour déterminer le montant qu'elle doit donner.

La zakât se différencie de la sadaqa (sadaqa jariyah / sadaqa FîsabîlilLâh), qui est un acte de charité volontaire et non obligatoire. Ainsi, les sommes préalablement versées au titre de sadaqa (sadaqa jariyah / sadaqa FîsabîlilLâh) ne sont pas considérées comme zakât car il est nécessaire d'avoir l'intention de donner la zakât pour qu'elle soit valide.

Attention : La zakât est rétroactive, ce qui signifie que vous devez vous en acquitter pour les années passées si vous ne l'avez pas donnée ou que vous l’avez mal calculer.

Qu'est-ce que le nissâb ?

Le nissâb est le seuil minimum de richesse en dessous duquel la zakât n'est pas obligatoire pour le musulman. Il est déterminé en fonction de la valeur de 85 grammes d'or ou l'équivalent en argent. Si la richesse d'un individu dépasse ce seuil pendant une année lunaire ou une année grégorienne, alors il est tenu de payer la zakât. En mars 2024 Le nissâb équivaut en euros à : 5 505,45 €.

Le prix du gramme d'or en Mars 2024 est de 64.77 €

donc : 64,77 x 85 = 5 505,45

Au moment où nous écrivons cette article le nissâb est équivaut à 5 505,45 €, et la méthode de calcul est la suivante : 

Prix du gramme en or au moment du calcul * 85 = Nissâb

Quelles richesses sont assujetties à zakât al maal ?

La zakât concerne l'argent bloqué volontairement, principalement les avoirs (argent théorisé : épargne, salaire, prime, gratification), les crypto-monnaies, les métaux précieux( or, argent, etc.), les actions, le cach. L'argent bloqué de façon involontaire, tel que les cautions par exemple, n'est pas soumis à la zakât.

Par ailleurs, les entreprises sont aussi soumises à la zakat et le calcul se fait de façon spécifique pour ces activités.

Les bijoux sont-ils soumis à zakât al maal ?

Pour les hommes, tous leurs bijoux de valeur ou en métaux précieux sont soumis à la zakât, leurs bijoux sont considérés comme des investissements et de l’épargne.

Pour les femmes, plusieurs cas de figure existent :

Les bijoux portés ne sont pas soumis à la zakât selon les écoles hanbalite, chafiite et malikite. Cependant, selon l'école hanafite, les bijoux portés sont soumis à la zakât. En revanche, les bijoux destinés à l'épargne, à l'investissement ou à la location, ainsi que les collections importantes de bijoux, sont soumis à la zakât selon les quatre écoles juridiques.

Les dettes sont-elles soumises à zakât al maal ?

La Zakât sur la dette est obligatoire pour le créancier (personne qui prête), pour chaque année, lorsque le débiteur est solvable et consent à payer. Donc si la créance est fiable, vous devez prélever la zakât dessus. Par exemple, si vous avez prêté de l'argent à votre sœur et  que vous êtes sûr qu'elle vous le rendra, vous devez payer la zakât sur cette somme même si elle ne vous l’a pas encore rendu.

La Zakât sur la dette est obligatoire pour le créancier ( personne qui prête) , au terme d’une année à compter du jour du recouvrement du prêt, lorsque le débiteur est insolvable ou récalcitrant. Donc si la créance n'est pas fiable,lorsque vous n'êtes pas certain de récupérer l'argent prêté car la personne n’est pas sûr de vous le rendre ou qu’elle a fait faillite, la créance n'est pas soumise à la zakât sur l’année en cours.

Quel est le taux de zakât al maal ?

Le taux de zakât est fixé à 2,50% de la valeur totale des biens pour une année lunaire, ou 2,58% pour une année grégorienne.

Qui doit payer Zakât al maal?

Pour être assujetti à la zakât, la plupart des savants, tels que les hanbalites, les malikites et les chaféites, stipulent qu'il faut que la personne possède une richesse équivalente à plus de 85 grammes d'or pendant une année entière (grégorienne ou lunaire). Si au cours de cette année, votre richesse descend en dessous de ce seuil (nissâb), vous n'avez pas à payer la zakât. Cependant, dès que votre richesse remonte au-dessus du nissâb à un moment donné dans l'année, vous devez payer la zakât à partir de ce moment-là.

( Prenons Ali comme exemple. Au début de l'année lunaire, il possède une richesse équivalente à 90 grammes d'or, dépassant ainsi le seuil (nissâb), ce qui le rend éligible au paiement de la zakât.

Cependant, au cours de cette année, la valeur de ses biens diminue et descend en dessous de 85 grammes d'or pendant quelques mois. Il n'est donc plus éligible à la zakât, car il n'atteint pas le seuil requis.

Lorsque la richesse d'Ali remonte au-dessus de 85 grammes d'or quelques mois plus tard, à partir de ce moment-là, il est tenu de payer la zakât sur la valeur totale de ses biens. Cela marque le début du nouveau cycle de calcul de la zakât pour cette année pour ali.)

Selon un autre avis juridique, celui des hanafites, la zakât doit être payée si votre richesse dépasse le nissâb à la fois au début et à la fin de l'année, même si elle est descendue en dessous du seuil (nissâb)  à un moment donné dans l’année.

(Par exemple, si au début de l’année vous possédez 7000 euros, puis vous descendez à 4000 euros pendant 2 mois, mais que à la fin de l'année vous êtes à nouveau à 7000 euros, vous devez quand même payer la zakât pour cette année-là.)

Quelles sont les différentes catégories de bénéficiaires ?

Les fonds de zakât sont utilisés pour soutenir les pauvres, les orphelins, les veuves, les endettés, ainsi que pour promouvoir le bien-être communautaire (huit catégories d'ayants droit, parmi eux les pauvres et les nécessiteux; mentionnées dans le Coran sourat 9 verset 60). Il est important de noter que la zakât ne peut pas être donnée à ses parents, enfants, grands-parents, ou épouse. Concernant les mosquées, il y a divergence d'opinions parmi les savants.

Attention : l'argent de votre zakât doit être donné en argent (monnaie du pays où vous vivez) et non en vêtements, nourriture, etc., afin que le bénéficiaire puisse l'utiliser comme bon lui semble.

Où donner la zakât ?

Il y a divergence sur le sujet. Selon certains savants, il est recommandé de donner la zakât dans le pays où vous résidez. Cependant, si un membre de votre famille proche est dans le besoin et vit dans votre pays d'origine par exemple, il est préférable de lui donner la zakât. En effet, maintenir les liens familiaux est  important en Islam, car cela prolongerai la vie et accroîtrai la subsistance : « Que celui qui désire qu’Allah lui accorde une longue vie et accroisse sa subsistance soit bienfaisant envers ses parents et maintienne ses liens de parenté. » (Bukari, Adab, 85).

Conclusion

En conclusion, la zakât est bien plus qu'un simple acte de charité dans l'islam. C'est un pilier fondamental de la foi qui incarne les principes de justice sociale, de solidarité et de bienveillance envers les moins fortunés. En respectant l'obligation de la zakât, les musulmans contribuent à promouvoir l'équité économique, à renforcer les liens communautaires et à améliorer le bien-être de la société dans son ensemble.

En comprenant et en pratiquant la zakât de manière diligente, nous pouvons aspirer à une société plus juste et plus compatissante, conforme aux valeurs de l'islam.

Partager cet article
Farah Mejai
Apr 2024