Le riba (intérêt) n’est pas un concept introduit par l’islam. Il s’inscrit dans une histoire longue, commune aux trois religions monothéistes. Dans la Thora, les Évangiles et le Coran, l’intérêt est dénoncé comme un moyen injuste d’enrichissement, contraire aux principes de justice, de solidarité et d’équilibre économique.
À travers cet article, nous retraçons l’évolution de cette interdiction dans les traditions juive, chrétienne et musulmane, en nous appuyant uniquement sur les sources authentiques et une lecture historique rigoureuse.
Dans la tradition juive, riba est connu sous le nom de "tabrid". La Thora interdit clairement le prêt à intérêt entre membres du peuple juif :
Cependant, les textes rabbiniques précisent que le prêt à intérêt est autorisé envers les "Goï" (non-juifs). Il s’agit donc d’une interdiction interne à la communauté, motivée par un impératif de solidarité.
Dans les Évangiles, le prêt avec intérêt est aussi critiqué. Jésus invite à prêter sans rien espérer en retour (Luc 6:35). L’Église primitive condamne l’usure et au Moyen Âge, les conciles interdisent le prêt rémunéré, notamment aux membres du clergé.
Mais un tournant majeur s’opère en 1515, lors du Concile de Latran. Ce dernier introduit une distinction entre intérêt et usure, permettant aux Monts de Piété de prêter à intérêt réduit, sous pression des commerçants italiens de la Renaissance. L’Église commence alors à légitimer certains prêts rémunérés.
Cette nouvelle position « a barré la route aux usuriers » au sens religieux, mais a permis l’essor du secteur bancaire, notamment dans les villes italiennes.
Dans le Coran, l’interdiction du riba s’est construit progressivement à travers quatre grandes révélations, pour aboutir à une rupture totale avec ce système.
“Ce que vous donnez à usure pour augmenter vos biens aux dépens des biens d’autrui ne les accroît pas auprès d’Allah. Mais ce que vous donnez en zakat […] ceux-là verront leurs récompenses multipliées.”
Opposition directe entre riba et zakat :
“Et à cause de ce qu’ils prennent des intérêts usuraires – qui leur étaient pourtant interdits – Nous avons préparé un châtiment douloureux.”
Ce verset rappelle que le riba était déjà interdit dans les lois précédentes (Thora, Évangile) et condamne ceux qui ont persisté à la pratiquer malgré l’interdiction.
“Ô les croyants ! Ne pratiquez pas le riba portant, de double en double, votre capital. Et craignez Allah afin que vous réussissiez.”
C’est ici que le Coran introduit une condamnation explicite de l’intérêt composé, à travers la formule “double en double” (riba al-mudâ’afa).
Deux formes d’intérêts sont distinguées :
Le texte prend la forme d’un ordre ferme et direct de rupture avec la riba.
“Allah a permis la vente et interdit le riba.”
“Préparez-vous à une guerre de la part d’Allah et de Son Messager.”
Ces versets rétablissent la vérité entre commerce licite (échange de valeur réelle) et riba illicite (gain sur le temps seul).
Les Mecquois de l’époque comparaient la riba au commerce :
La conclusion coranique est claire : le riba est une injustice et une déformation de l’économie.
L’interdiction du riba est ancien, partagé et spirituellement fondé :
Ce rappel historique montre que le rejet du riba n’est pas une spécificité musulmane, mais bien une valeur éthique commune aux grandes traditions religieuses, souvent mise de côté au nom du progrès économique.
Prochain article à lire : Comment épargner et investir sans riba aujourd’hui ? Le guide pratique Perenys pour les familles et les entrepreneurs